Il est des moments dans une vie où tout bascule de manière abrupte, et où nous devons faire face avec force et courage. Mais parfois ce mouvement de bascule se fait tout doucement, comme au ralenti… de manière si subtile qu’il peut être difficile de dire quand cette dynamique s’est amorcée. Et pourtant, le changement est bien présent, jour après jour, indéniablement. Dans les deux cas, le virage à négocier nécessite un solide ancrage.

Et voilà, le mot est lâché: « être ancré »… Cela peut sembler un peu abstrait, peut-être plus facile à dire qu’à faire. 

On pourrait commencer par dire que l’ancrage, c’est vivre ici et maintenant, c’est se sentir uni à la Vie qui se déploie instant après instant. Si je cherche à fuir dans un futur tout à fait improbable ou à ressasser le passé, c’est que je ne me sens pas à l’aise dans ma situation présente. Je ne me sens pas unie à la vie. M’ancrer c’est donc me rendre compte de mes peurs, les accepter, et finalement me rendre compte qu’elles sont infondées. Alors je peux comprendre que la source de ces peurs, c’est mon refus de lâcher prise.

Dans mes projets, j’ai tendance à manquer de patience, à trépigner. Pire: à chercher à accélérer la cadence, ce qui me met presque immanquablement dans des situations délicates.

Alors dans ce processus de lâcher prise, j’ai décidé de passer un pacte avec moi-même:

  • je décide de me contenter de ce que j’ai aujourd’hui: cela revient à accepter que les circonstances sont très précisément ce qu’elles doivent être même si cela ne me plaît pas toujours;
  • je décide de redonner la juste place à chaque chose: me concentrer sur l’essentiel et ne pas me laisser perturber par de petits aléas; 
  • je décide d’avancer pas à pas dans mes projets: entreprendre ce qui doit l’être puis me détacher du résultat… Faire confiance à la vie en somme;
  • je décide de faire le ménage dans mes relations, en prenant soin de celles qui me nourrissent et  qui sont positives, et en décidant de laisser partir celles qui m’envahissent ou qui sont sur le déclin;
  • et par-dessus tout, je décide de me sentir joyeuse en toute circonstance

Toutes ces décisions me ramènent inexorablement à l’instant présent. Plus de temps ni d’énergie perdus à fuir. Je peux alors conserver mes forces pour l’essentiel, à savoir la Vie!

Et pour me sentir encore plus ancrée, plus unie, plus forte, je peux m’appuyer sur ma respiration, qui se fera plus lente et plus calme à chaque inspir et expir. 

Je peux aussi me ménager des moments qui me relient à la nature:

  • profiter d’une promenade en forêt: partir à l’aventure, parcourir des kilomètres en écoutant les bruissements des arbres, les chants des oiseaux, m’émerveiller de croiser le cerf majestueux ou le renard discret, sentir l’odeur du sous-bois, de la neige… partir par tous les temps, et rentrer avec les muscles qui brûlent, en sueur, et parfois crottée jusqu’aux oreilles…
  • passer un moment avec les mains dans la terre, à jardiner;
  • simplement marcher pieds nus dans l’herbe;
  • etc…

Enfin, je peux prendre conscience que je suis comme la montagne qui subit les intempéries, l’érosion et qui supporte la vie sur ses pentes tout en restant là, immuable, solide et stable. Comme elle, je peux affronter les aléas de la vie et me dire que je suis fidèle à moi même, immuable, solide et stable. Je peux décider de rester fondamentalement moi-même, et ce faisant, les évènements de la vie vont se présenter puis passer. Peut-être cela m’atteindra-t-il pour un temps, mais malgré cela je demeure profondément forte et solide. Malgré les obstacles qui vont immanquablement surgir, je peux rester confiante dans le fait que mes projets vont suivre leur cours, et finir par aboutir.

Les relations sur le déclin laisseront la place à de nouvelles rencontres et de beaux moments de partage.  Quelle que soit la teneur de la relation – professionnelle, amicale, familiale, ou plus intime – il est souvent difficile de laisser partir l’autre car cela nous renvoie à notre ego, nos faiblesses et nos fautes. Cela peut parfois remettre en cause nos habitudes, voire nos modes de vie. Mais c’est un geste de respect vis-à-vis de la personne qui s’éloigne. Je lui signifie ainsi que je respecte son choix (ou celui que la vie impose…), et je la libère de mes projections et de mes attentes. C’est aussi un geste de bienveillance vis-à-vis de moi-même car cela sous-entend que je sais ce qui m’est bénéfique, que je suis capable de m’écouter et de prendre les bonnes décisions. 

Je comprends qu’en restant moi-même je peux alors suffire à mon propre bonheur. Ce dernier ne devrait jamais dépendre des autres ou de ce que la vie m’impose, mais uniquement de mon état intérieur. Cela suppose d’accepter mes qualités et mes défauts. Ce qui signifie que je me sais assez forte pour faire face aux difficultés, de même que je sais savourer mes réussites sans pour autant me reposer complètement dessus. 

En travaillant mon ancrage, je finis par savoir ce qui est bon pour moi, et ce qui ne me convient pas. De ce fait, je cesse de subir et je commence à accueillir et accepter ce qui se présente à moi sans attentes et sans à priori. 

Je peux alors me contenter de vivre et profiter pleinement chaque instant avec un coeur toujours joyeux!

Namasté