Pendant les derniers mois écoulés nous avons continué à explorer postures et respirations sous un format différent des cours collectifs habituels… ce qui a limité les possibilités pour moi de vous apporter des éléments complémentaires.

Je profite donc d’avoir du temps devant moi pour vous proposer d’étoffer votre pratique par des notions de philosophie indienne, en commençant par les Yamas et Niyamas.

Aujourd’hui je vous en ferai une description globale, et chaque mois nous approfondirons l’un de ces préceptes.

Les Yamas et Niyamas s’incrivent dans le Raja Yoga, soit le Yoga de la Voie Royale. 

Pourquoi Voie Royale? Parce qu’il ne vise pas seulement à nous installer dans un état d’équilibre au niveau corporel. Il va plus loin en nous proposant toute une palette de pratiques ayant pour but  de nous amener vers un état de bien-être total, tant physique que psychique.

Les préceptes des Yamas  et Niyamas sont une toute première étape permettant de nous comprendre, de changer ce qui doit l’être et d’accepter ce que nous ne pouvons changer, avant de passer à la corporalité, puis à la paix intérieure.

Le Raja Yoga est ainsi composé des 8 branches (Ashtanga) suivantes:

  1. Yamas: les préceptes vis-à-vis de la société
  2. Niyamas: les préceptes vis-à-vis de soi-même
  3. Asanas: les postures
  4. Pranayama: la respiration
  5. Pratyahara: le retrait des cinq sens
  6. Dharana: la concentration
  7. Dhyana: la méditation
  8. Samadhi: la contemplation

Tous ces préceptes sont codifiés, et consignés dans les « Yoga Sutras » de Patanjali, que l’on peut traduire par « Aphorismes du Yoga » (selon Tara Michaël).

Ces textes sont une référence pour tout Yogi, et  l’on pense qu’ils ont été écrits il y a environ deux mille ans, bien qu’il soit aujourd’hui impossible de les dater avec exactitude. 

Ainsi Patanjali nous livre en quelques phrases sibyllines la teneur des préceptes que sont les Yamas et Niyamas. Ces phrases écrites en sanskrit ont été abondamment traduites et commentées, mais dans les grandes lignes nous pouvons d’ores et déjà en faire la description suivante:

Les Yamas sont les « réfrènements », soit des règles vis-à-vis des autres, qui structurent notre vie en société. Ils sont formulés négativement. Il s’agit de:

  1. Ahimsa: la non-violence, ne vouloir infliger de mal à aucun être vivant. Cela ne concerne pas seulement nos comportements, mais aussi nos paroles et nos pensées;
  2. Satya: le non-mensonge, ne pas s’écarter de la vérité;
  3. Asteya: le non-vol, ne pas s’approprier illégalement ce qui ne nous appartient pas;
  4. Brahmaçarya: la continence ou la tempérance;
  5. Aparigraha: la non-convoitise.

Les Niyamas sont, quant à eux, les « observances », les préceptes vis-à-vis de soi-même qui structurent notre vie personnelle. Ils sont formulés positivement. Il s’agit de:

  1. Çauca: la purification, la propreté non seulement externe mais aussi interne;
  2. Samtosha: le contentement, apprécier ce que la vie nous offre, quoiqu’il advienne;
  3. Tapas: l’endurance et la persévérance; souvent interprété comme « austérité »;
  4. Svadhyaya: l’étude des textes de sagesse indienne;
  5. Içvara Pranidhana: l’abandon au Divin, le lâcher-prise ou encore le détachement du fruit de ses actions.

Ce qui est intéressant avec les Yamas et Niyamas, c’est qu’ils ne sont pas une liste de choses à faire et ne pas faire de manière stricte et radicale.  

Ils sont plutôt l’occasion de nous pencher sur nos comportements, nos valeurs, et peut-être nos blessures. Ils nous permettent dans un premier temps de faire le point: où en sommes-nous avec la violence, le mensonge, le contentement… (par exemple)?

Ils peuvent parfois soulever des questions auxquelles nous n’avons pas forcément de réponse immédiate. Comme par exemple lorsque Ahimsa et Satya entrent en opposition: devons-nous annoncer une mauvaise nouvelle à quelqu’un pour rester dans la vérité (Satya), au risque de le blesser (Himsa: la violence)? Un premier élément de réponse serait de dire que Ahimsa devrait toujours prévaloir.

Avant tout il faut voir les Yamas et Niyamas comme de formidables outils de développement personnel, qui nous mettent face à nous-même pour nous faire grandir. 

Tous les jours, nous pouvons essayer de faire un peu mieux dans un domaine ou un autre, en fonction des occasions et des situations qui surgissent dans nos vie, mais toujours avec bienveillance vis-à-vis de nous-même, avec constance et avec confiance. 

Nous voyons donc bien ici que la raison d’être des huit branches du Raja Yoga est d’inscrire la pratique dans la Vie, bien au-delà de ce qui se passe sur un tapis…

Si nous lisons ces huit étapes, nous comprenons qu’elles nous permettent de nous construire une existence dans laquelle nous nous sentirons à la fois en harmonie avec le monde qui nous entoure, et en même temps en paix avec nous-même. Le but ultime étant d’atteindre cet état nommé « Ananda », la félicité absolue lorsque nous nous trouvons dans Samadhi (l’état de contemplation).

Et dans le prochain article nous détaillerons Ahimsa, non pas parce qu’il est le premier de la liste, mais parce qu’à lui seul il contient tous les autres préceptes…

Namaste